En France en 2021, 4,1 millions de personnes étaient mal logées. En 2007, ce chiffre était de 3,2 millions. Et si l’on vous parle d’un temps que les moins de *15 ans* ne peuvent pas connaître, c’est pour insister sur l’ampleur du problème, et l’absence de solution de long-terme apportée. C’est aussi car il y a 15 ans, en janvier 2007, s’éteignait l’Abbé Pierre qui avait fait de ce combat celui de sa vie.

Pour lui, “Gouverner, c’est d’abord loger son peuple”. Avant même la crise du Covid-19, la situation dramatique du mal-logement, et notamment celui des jeunes et des étudiants, était traitée avec au mieux de l’indifférence et au pire du mépris par les pouvoirs publics. Au-delà de la baisse des APL, le secteur du logement était au cœur des coupes budgétaires du gouvernement, notamment pour les logements sociaux et les CROUS, ayant besoin de larges investissements. Avec la Covid-19, beaucoup ont pris la mesure de l’ampleur de la crise. Pas ceux nous gouvernant, pensant que lorsqu’on a vingt ans, c’est normal de connaître la vie de bohème.

En 2021, Place Publique Jeunes a demandé à une centaine de jeunes de nous décrire les situations compliquées de logement auxquelles elles ou ils peuvent faire face. En majorité, ce sont les étudiants logés dans des résidences universitaires du CROUS qui nous ont rapporté des conditions très dégradées. Entre absence d’isolation thermique, présence de punaise de lits, de cafards et de traces de champignons ou encore des problèmes de sécurité, le tableau décrit est inquiétant. Hors de ces résidences, le manque d’isolation, faisant de nombreux logements des passoires thermiques, concerne plus d’un tiers de ceux nous ayant répondu.

Comme Aznavour essayant d’oublier l’hiver dans la bohème, les jeunes en 2022 ont froid dans leurs logements. Les dépenses y étant liées représentent en moyenne la moitié de leur budget. La précarité étudiante et le mal-logement des jeunes sont deux faces d’une même pièce, à la source de nombreuses inégalités.  Inégalités scolaires, face à la capacité de travail lorsque l’on est étudiant ; Inégalités et vulnérabilités psychologiques et sanitaires, exacerbées par la crise du Covid-19 ; mais aussi inégalités sociales et économiques : le logement et les conditions de logement pèsent tout autant sur la vie sociale que sur le coût de la vie.

Les solutions sont connues. Depuis l’Abbé Pierre, de nombreuses associations, comme « Droit Au Logement », rappellent que l’accès à un logement décent est un droit humain essentiel. Garantir un celui-ci et renforcer les dispositifs d’aide au logement et leur accessibilité est central. Au niveau local, les maisons de quartier peuvent jouer un rôle clé dans la transmission des informations sur celles-ci, notamment envers les jeunes. Au niveau national, la caution solidaire d’État doit être largement développée pour permettre la fin des discriminations dans l’accès à un logement. Enfin, alors que les CROUS ont besoin d’un plan d’investissement massif, il faut aussi pouvoir inscrire dans la loi leur inclusion dans la trêve hivernale.

Répondre à la vulnérabilité des jeunes précaires et assurer un réel droit au logement pour tous n’est pas qu’un sujet politique : c’est simplement respecter un droit humain.

27 janvier 2022 | Place publique Jeunes