“Moi Président(e)…” est un début de phrase qui se termine rarement en faveur des étudiants et des jeunes de manière générale. Grande oubliée d’une campagne présidentielle déjà bien entamée, une partie de la jeunesse souffre, comme l’a mise en lumière la pandémie. 

Outre le revenu étudiant de 800 euros proposé par quelques candidates et candidats, les mesures concrètes pour venir en aide aux jeunes sont inexistantes : Valérie Pécresse refuse le RSA jeunes, Eric Zemmour mentionne brièvement l’école sans évoquer l’éducation ou les jeunes, et le projet de Marine Le Pen oscille entre libéralisme et défense des héritiers. En Macronie, on préfère débattre de la hausse des prix de l’université. A gauche, si on parle davantage de la jeunesse, aucun plan d’envergure n’a été avancé. Pourtant, les sujets ne manquent pas : files d’attentes interminables pour un repas, 50% des demandeurs d’aide aux Restos du Cœur qui ont entre 18 et 25 ans, précarité menstruelle, isolement et dépression ; autant de drapeaux rouges agités depuis des années maintenant. 

Le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 15-24 ans. 20% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. 33% des étudiantes peinent à se procurer des protections menstruelles… il est grand temps que les élus entendent la détresse des jeunes. Et qu’ils y répondent ! Les questions de l’accès et des inégalités aux soins de santé, à des aliments de qualité et à faible coût, à la culture, sont centrales comme le met en avant l’Observatoire national de la vie étudiante. L’accès aux bourses est trop rigide et inadapté aux situations familiales des étudiants : en moyenne, un étudiant dépend à hauteur de 40% de l’aide financière familiale. Face à la précarité montante, 50 000 jeunes en viennent même à se prostituer pour payer leurs études, selon Sud Étudiant.

La multiplication des labels et nouveaux plans sans ambition suivis par le gouvernement est un échec. Le plan 1 jeune 1 solution a pris fin en 2021, alors que la crise sanitaire sévit encore et toujours. Le dispositif Chèque Psy est jugé “trop complexe” par les praticiens, notamment à cause des lourdeurs administratives. Le Contrat Engagement Jeune (CEJ), présenté comme solution alternative au RSA, est non renouvelable, non cumulable avec d’autres allocations et ne dépasse pas les 500 euros. De mesurettes en mesurettes, on ne construit pas une politique globale. 

Vous, voulant être Président(e), saisissez-vous de cette urgence, et construisez une politique pour la jeunesse. Des associations comme la FAGE ou Co’p1 appellent à revoir le seuil des bourses, l’octroi de tickets restos, tout en apportant un complément de santé solidaire. Le RSA jeune est aussi nécessaire. De même, Il faut apporter une réelle aide psychologique aux étudiants : les séquelles des couvre-feu et confinements sont là et plus de la moitié des étudiants disent avoir vécu des symptômes de dépression et d’anxiété lors du second confinement ! Le soutien social ainsi que les actions préventives, facteurs de protection de la santé mentale par excellence, doivent faire partie des nouvelles mesures gouvernementales du prochain(e) Président(e). 

Depuis que le Xanax et les caméras désactivées sur Zoom ont envahi le quotidien, recréer un lien social au cœur de la jeunesse est une urgence absolue. Elle mérite mieux que le traitement actuel qui en est fait dans cette campagne présidentielle. Vous voulez être Président(e) ? Proposez plus à la jeunesse. 

10 février 2022 | Place publique Jeunes