Victoire ! La justice a tranché : Bayer-Monsanto est enfin condamné ! Dans le procès engagé par l’ancien agriculteur Paul François, c’est le géant de l’agrochimie que le verdict incrimine. C’est un pas décisif dans la reconnaissance des dangers et dégâts sanitaires causés par les pesticides.

Quinze ans que Paul François lutte. Quinze ans pour faire reconnaître par la justice la responsabilité de la firme américaine dans les graves troubles neurologiques qu’il subit, depuis qu’il a inhalé des vapeurs de Lasso, un puissant herbicide commercialisé par Bayer-Monsanto. Cette histoire singulière s’ajoute aux 4000 plaintes déposées aux États-Unis contre le géant de l’agrochimie pour les mêmes raisons.

Nous le savons aujourd’hui : pesticides et engrais de synthèse à outrance détruisent la santé des agriculteurs, des consommateurs, et de notre environnement. Notre eau, nos sols, nos corps sont contaminés par ce cocktail chimique mortifère dont on découvre chaque jour un peu plus les dégâts pour notre santé et pour nos écosystèmes. Pourtant, la plupart des pesticides commercialisés par ce géant de la pétrochimie sont toujours en circulation, répandus dans nos champs, près de nos écoles, et présents dans nos assiettes.

Comment est-ce possible ? Rappelez-vous les Monsanto Papers, ce scandale qui avait mis en lumière la politique de désinformation impulsée par Bayer-Monsanto, en corrompant chercheurs et politiques, afin d’influencer les conclusions scientifiques des évaluations des risques et ainsi d’infléchir les textes réglementaires pour continuer à vendre des pesticides cancérigènes. Comment la firme a-t-elle acquis un tel pouvoir ? Parce qu’avec d’autres géants de l’agrochimie, toujours plus puissants, elle tient notre souveraineté alimentaire en laisse. « La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent. » disait Brillat-Savarin en 1842. Aujourd’hui, 60 % des semences vendues dans le monde appartiennent à trois groupes : Bayer-Monsanto, Dupont-Dow et Syngenta-ChemChina, rendant les agriculteurs dépendants des industriels pour toute la chaîne de production. La puissance publique a peu à peu abandonné cet enjeu pourtant vital. Il est urgent de reprendre le contrôle de notre agriculture et de notre alimentation.

La victoire de Paul François n’est pas qu’individuelle : elle ajoute une pierre au combat collectif que nous devons mener pour inverser le rapport de force entre les intérêts lucratifs des multinationales et la défense des biens communs que sont la santé et l’environnement.

Dans un modèle agricole perfusé au pétrole et arrivé à bout de souffle, le problème des pesticides est symptomatique. Comment ferons-nous pour produire notre nourriture sans pétrole ? Il est urgent de tendre vers une agriculture agroécologique, riche en intelligence humaine, proche de la nature et source de résilience face aux crises climatiques et sociales.

La sortie des pesticides est inévitable et souhaitable.

Parce que sortir des pesticides, c’est renouer avec la complexité du vivant.
Parce que sortir des pesticides, c’est retrouver un pouvoir de décision sur l’orientation de notre société.
Parce que sortir des pesticides, c’est remettre les citoyens, les agricultrices et les agriculteurs au centre du jeu.

C’est pour cette raison que Place publique soutient une transition urgente vers l’agroécologie, pour que les aliments présents dans nos assiettes soient issus de l’agriculture bio et locale à l’horizon 2030, pour qu’agricultrices et agriculteurs vivent dignement de leur métier et pour qu’ils soient rémunérés pour les services environnementaux qu’ils rendent à la société.

À Place publique, nous nous engageons à :

  • refonder totalement la Politique agricole commune, pour que notre argent public devienne un levier d’une transition aujourd’hui plébiscitée par tous
  • d’arrêter les subventions aux pesticides et aux machines pour les réorienter vers des pratiques favorisant la biodiversité, l’humain et l’emploi
  • d’accompagner financièrement et techniquement les agriculteurs dans leur conversion à l’agriculture biologique, grâce à de la formation, et à des aides généreuses à la conversion et au maintien en bio
  • changer la gouvernance de la PAC pour qu’elle intègre les ministères de la santé et de l’environnement ainsi que la société civile
  • renforcer les prérogatives, les moyens et la présence de la société civile dans les agences sanitaires européennes pour assurer une expertise indépendante, délivrée de l’influence des lobbies.

Pour une agriculture enfin démocratique, écologique et sociale, votez Place publique !

L’urgence écologique de Place publique

11 avril 2019 | Place Publique