Monsieur le Ministre des Outre-mer, Monsieur le Ministre de la santé, je me permets de vous adresser cette lettre ouverte afin d’attirer votre attention sur la situation préoccupante liée aux épidémies de chikungunya et de dengue qui touchent actuellement la Réunion. Ces maladies, transmises par les moustiques Aedes, ont des conséquences sanitaires graves et impactent considérablement la vie quotidienne de l’ensemble de la population réunionnaise.
Face à cette situation, l’agence régionale de santé tente par des mesures collectives de freiner la propagation des virus transmis par les moustiques. Nous le constatons toutes les semaines, selon les communiqués de l’ARS, l’épidémie de chikungunya n’est pas freinée et qu’au contraire le nombre de cas augmente exponentiellement car toute l’île de la Réunion est concernée.
À ces mesures collectives qui montrent leurs limites ne peut-on pas envisager de mettre en place des mesures individuelles pour protéger la santé de la population et limiter la propagation de ces virus ?
À cet égard, et en s’appuyant sur notre histoire épidémiologique récente et passée, nous pourrions envisager plusieurs mesures complémentaires afin de réduire le risque de transmission :
- Impulsion et accompagnement de la mise en place du télétravail : Lorsque cela est possible, encourager les entreprises et les administrations à adopter le télétravail pour les personnes à risque, les personnes porteuses du virus qui se sentent en capacité de poursuivre leur activité professionnelle sans qu’elles se déplacent.
- Distribution de sprays anti-moustiques : Mettre en place un programme de distribution gratuite de sprays anti-moustiques dans toutes les zones de l’île et particulièrement dans les plus touchées. Cela pourrait aider les habitants à se protéger efficacement contre les piqûres et à réduire le coût pour les familles. De plus, il existe des kits en circulation dans les pharmacies permettant aux malades de lutter contre les symptômes de la maladie, ceux-ci n’étant pas remboursés, une inégalité d’accès à la santé se crée.
- Suspension des jours de carence : En cas de maladie liée au chikungunya, il pourrait être envisageable de suspendre les jours de carence pour les employés. Cela encouragerait les personnes malades à se déclarer et à se soigner sans craindre de conséquences financières.
- Campagnes de sensibilisation : Lancer des campagnes de sensibilisation sur les gestes à adopter pour se protéger et prévenir la prolifération des moustiques. Informer la population sur l’importance de l’élimination des points d’eau stagnante et des mesures de protection personnelle par les médias radios et télévisuels. Ceci devrait être également fait pour les voyageurs entrant et sortant de la Réunion
- Renforcement des infrastructures de santé : Assurer que nos infrastructures de santé soient suffisamment équipées pour faire face à une éventuelle augmentation des cas, en mobilisant des ressources humaines et matérielles adéquates et en proposant la vaccination aux soignants volontaires.
Je suis convaincu que le renforcement de mesures individuelles conjointement aux mesures collectives déjà mises en place, si elles sont mises en œuvre rapidement et efficacement, pourrait contribuer à protéger la santé de nos concitoyens et à limiter l’impact de ces épidémies sur notre territoire et au-delà. En effet, l’augmentation des cas sur notre île, augmentera le risque de propagation sur les autres îles de la zone et sur le territoire hexagonal. Nous sommes convaincus qu’une prise en charge épidémique forte diminue la pression sur nos infrastructures hospitalières, sur la société économique réunionnaise et sur le risque de propagation au-delà de nos frontières.
Je vous remercie par avance pour l’attention que vous porterez à cette lettre et reste à votre disposition pour toute discussion ou collaboration sur ce sujet crucial.
Dans l’attente de vos réponses, je vous prie d’agréer, Messieurs les ministres, l’expression de mes salutations distinguées.
Estève Christophe
Tribune libre, Chikungunya