Chers amis, chères amies,

Il aura fallu le taux historique d’abstention lors des récentes élections régionales et départementales du mois de juin pour que, dans les médias, on entende parler de crise démocratique.

L’identification de cette crise majeure et l’urgence d’en sortir faisait partie des raisons d’être qui ont conduit à la naissance de Place publique voilà bientôt 3 ans.

Jamais, nous n’avons cédé aux discours convenus et insincères sur la « proximité » et le « retour au terrain » quand, en réalité, celles et ceux qui les prononcent passent leur temps à éloigner les citoyens des processus de décision !

De notre point de vue, le cœur de la crise démocratique réside dans le fait de limiter la démocratie aux institutions, à ses représentants, et aux temps de l’élection. Nous avons besoin que la démocratie soit présente dans tous les instants de la vie en société et qu’elle associe chacune et chacun.

En réalité, depuis des années le fossé n’a cessé de se creuser entre les représentant·es et les représenté·es. Promesses non tenues, suffisance de l’entre soi, impuissance politique, spectacle de la cour de récréation politicienne, ingrédients empruntés à l’espace marchand : la posture, la caricature, la séduction !

Tout cela concourt à un niveau de défiance, de discrédit, de désenchantement jamais atteint à ce point vis-à-vis des politiques.

Mais plus profondément, jamais l’individu n’a pris à ce point le pas sur le citoyen. A tel point que toute dimension collective, fut elle de voter, devient anachronique.

Cela doit nous interroger sur le sens même de notre engagement et sur l’horizon que nous devons donner à l’agir public : l’individu roi ou le citoyen partie prenante du commun ? Enfants du vide ou acteurs éclairés ?

Ce sont des questions essentielles pour un mouvement comme le nôtre qui appelle à un autre regard sur la politique et à un vrai renouveau démocratique. Car, au fond, elles renvoient au type de société que nous voulons.

Nous voulons une démocratie exigeante qui redonne place au débat et qui invite à la co-construction des processus de décision .

Le modèle économique dominant, inégalitaire, individualiste, destructeur, se nourrit et entretient la crise démocratique, qui donne toujours moins de place aux perdants du néo-libéralisme et aux promoteurs d’une société plus fraternelle, émancipatrice, respectueuse des droits de chacun et de chacune et qui prend en compte nos intérêts collectifs de long terme.

Pour redonner espoir et capacité d’action, il nous faut penser et faire émerger de nouveaux pactes : social, civique, écologique et démocratique. Il n’y a pas de transition écologique réussie sans justice sociale. Il n’y a pas de transition démocratique réussie qui oublie la nécessité de (re)faire société.

C’est la raison d’être et le pari de Place publique .

C’est le défi que vont relever nos adhérents et adhérentes et en particulier celles et ceux qui ont été élu.es conseillers régionaux et départementaux et conseillères régionales et départementales.

Avec nos élus municipaux et élues municipales et toutes celles et ceux qui partagent nos convictions, ils et elles seront les citoyens et citoyennes engagé.es d’une République territoriale, sociale, écologique et démocratique.

Partout, dans toutes les Assemblées, ils et elles garderont en eux et en elles cette capacité d’indignation et d’utopie qui les éloignera des risques de la gestion à la petite semaine. Ils et elles seront les veilleurs éveillés pour qu’un autre monde soit possible. Ici et maintenant.

C’est le sens aussi de la Charte de gouvernance interne de Place Publique, qui vient d’être approuvée à 95% des adhérents et adhérentes. Elle est le fruit d’un travail de co-construction réalisé pendant 6 mois au sein d’un conseil participatif ad-hoc. Dans son fond et sur la forme, nous avons souhaité qu’elle exprime la volonté d’une démocratie interne réelle et effective. Elle invite les adhérents et adhérentes à faire de la politique autrement. Elle propose les cheminements d’une gouvernance à la fois partagée et efficace. Et surtout, elle est habitée par des valeurs fortes.

Parmi celles-ci, celle de la Fraternité. Elle ne se décrète pas . Elle ne se délègue pas . Elle se construit à la source de cheminements qui invitent à des “États Généreux de l’humanisme” que nous vous proposons les 9 et 10 octobre prochains à Marseille. Ce rendez-vous sera celui d’un mouvement ouvert, qui expérimente, qui vous ressemble et qui rassemble. Nous espérons vous y rencontrer nombreuses et nombreux.

D’ici là, très belle fin d’été à chacune et à chacun d’entre vous.

Emilie Agnoux, co–présidente de Place publique
Jo Spiegel
, co–président de Place publique

8 août 2021 | Place Publique