Alors que la météo prévue pour 2050 arrive en 2022, le changement climatique affecte le vivant, comme le résume le slogan “Et un, deux, et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité”. Pourtant, nous ne sommes pas tous affectés de la même manière, et les bouleversements climatiques accentuent les inégalités.
Le changement climatique aggrave les inégalités sociales.
En France, 5 millions de foyers vivent en précarité énergétique: Ils sont plus vulnérables aux canicules et au grand froid, et contraints à de plus fortes dépenses d’ énergie. 1,4 millions de personnes n’ont pas un accès à l’eau sécurisé, un problème vital pour les sans-abris, les personnes mal logées et exilées. Face à la canicule, les quartiers populaires sont plus vulnérables, à l’image de la Seine Saint Denis qui a subi une surmortalité de +160% lors de la canicule de 2003.
Dans le monde, la situation est encore plus préoccupante. D’ici 2030, 100 millions de personnes en plus pourraient tomber sous le seuil de pauvreté à cause des bouleversements climatiques : Elles sont victimes de mauvaises récoltes, flambée des prix alimentaires, maladies sous l’effet de vagues de chaleur et d’inondations….
Pour les peuples autochtones vivant dans des territoires plus vulnérables comme les Kanak en Nouvelle-Calédonie, les conditions climatiques impactent fortement leur subsistance alors qu’ils sont déjà plus touchés par la pauvreté.
Les impacts des bouleversements climatiques sont aussi genrés.
Les conséquences économiques sont également plus importantes pour les femmes. 70% des personnes subsistant avec moins d’1 dollar par jour sont des femmes. Elles éprouvent donc plus de difficultés pour accéder à des ressources vitales, dont la disponibilité sera rendue encore plus difficile avec le dérèglement climatique.
Les femmes sont 14 fois plus susceptibles de mourir lors d’une catastrophe naturelle que les hommes. En effet, à cause des inégalités préexistantes, du manque d’information, du fait de devoir s’occuper des enfants, des difficultés d’adaptation et des violences sexistes et sexuelles, elles sont bien plus vulnérables.
Pour autant, la surreprésentation des hommes dans certains métiers, comme le BTP et l’agriculture, les expose également aux conséquences sanitaires du dérèglement climatique.
Il y a aussi de fortes inégalités territoriales.
Dorénavant, 6 français sur 10 sont concerné-e-s par les risques climatiques. De la fonte des glaciers alpins aux sécheresses qui provoquent des mouvements de terrains, les territoires français ne sont pas concernés de la même manière par ces dangers. L’ensemble de nos littoraux est menacé par une montée des eaux dévastatrice.D’ici 2050, Dunkerque, Calais ou encore le Havre pourraient être rayées de la carte. En Gironde, à Soulac-sur-mer, l’échec de la construction de l’immeuble “Le Signal” à cause de l’avancée de l’océan est un premier exemple des relocalisations malheureuses qui attendent des populations importantes,
D’ici 2050, on estime ainsi qu’à l’échelle mondiale, ce sont 243 millions de personnes qui seront contraintes aux routes de l’exil, à cause de la montée des eaux, de l’insécurité alimentaire et des guerres de l’eau.
Dans les territoires ultra-marins, des îles entières de la Polynésie Française craignent pour leur existence. Ces territoires qui ne représentent qu’à peine 1% des émissions de gaz à effet de serre françaises sont pourtant les plus impactés. Rarement entendues, ces populations subissent des injustices par un inégal accès à un soutien lorsqu’elles subissent des catastrophes naturelles.
Dans une enquête de 2019, le Défenseur des droits souligne que le droit à un environnement sain va de pair avec les enjeux sanitaires. L’accès à l’eau est déjà inégal, en Guadeloupe et en Martinique,du fait d’un système d’assainissement obsolète, les températures favorisent la prolifération des insectes et des maladies qui les accompagnent.
L’urgence écologique est donc aussi une urgence sociale et la lutte contre le changement climatique est un enjeu humanitaire. Les politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique doivent être socialement justes. Plusieurs pistes de solutions existent :
1 – Inscrire dans la loi le principe de justice environnementale.
2 – Interdire la location de « passoires thermiques » et introduire, dès 2023, une obligation de rénovation des logements vendus et loués.
3 – Mettre en place des mesures d’accompagnement et des mécanismes redistributifs de la fiscalité carbone.
4 – Permettre l’accès à une alimentation de qualité à un prix abordable à travers la mise en place d’une sécurité sociale alimentaire pour les plus démunis, destinée à acheter des produits de qualité, qui respectent l’environnement et les producteurs, selon des critères collectivement choisis.
5 – Inclure les femmes dans le processus de prévention et d’adaptation face aux risques environnementaux.
6 – Généraliser un statut de réfugié climatique (qui n’existe pas en droit français) comme le préconise la Cimade.
7 – Réduire les inégalités que subissent les territoires d’outre-mer en apportant plus de moyens sanitaires.
8 – Anticiper les prochains risques climatiques pour les territoires ultramarins, en commençant par une rénovation du réseau d’assainissement des eaux qui, à l’heure actuelle, accélère la pollution des cours d’eau au chlordécone
9 – Réduire de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre est une urgence absolue.