Lutter contre le dérèglement climatique est une nécessité, une urgence vitale.

Les conclusions du dernier rapport du GIEC sont alarmantes. L’été que nous venons de vivre a rendu palpable ce qui était annoncé depuis des années par les scientifiques. Il n’est aujourd’hui plus possible de nier que le réchauffement climatique met en péril la planète et ses habitant·es.  Sans catastrophisme et avec lucidité, nous devons aujourd’hui acter qu’il nous faut adapter nos modes de vie. S’adapter n’est pas renoncer, c’est modifier nos comportements aujourd’hui pour que, demain, les générations qui nous succèdent héritent d’une terre habitable. 

La sobriété énergétique est un des volets incontournables de la lutte contre le dérèglement climatique. C’est chercher à diminuer notre consommation d’énergie pour limiter au maximum les émissions de gaz à effet de serre. Et c’est pour tout le monde. A commencer par ceux qui en émettent le plus.

La sobriété, ce n’est donc pas le tourisme spatial, les yachts ou encore les jets privés.

Alors que nous travaillions sur ce sujet ces dernières semaines, la question de la pertinence de l’utilisation de jets privés ultra-polluants s’est imposée dans le débat médiatique avec les sites et compte de suivi des trajets des jets des milliardaires comme « I fly Bernard » ou « L’avion de Bernard” ou encore la proposition de Julien Bayou d’interdire les jets privés.  Ni polémique, ni démagogique, mais très emblématique, l’interdiction des jets privés est une réelle opportunité pour agir dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Ces derniers jours, le débat s’est animé, suscitant de vives réactions. Parmi ceux qui rejettent une telle mesure, nous avons relevé quatre objections principales.

1- C’est juste une mesure anti-riches, bande de jaloux

Voici un petit exercice de calcul : étant donné qu’un jet émet 4,6 kg de CO2 au kilomètre et qu’une voiture thermique neuve en émet environ 0,1 kg [2] pour la même distance , à combien de km en voiture devra renoncer une personne ordinaire si elle doit compenser le CO2 émis par 500 kms en jet privé ?

Vous pouvez prendre votre calculette, ou lire le résultat ci-dessous : 

26 000 kms

Vous pouvez répondre à la question suivante en cochant la case qui vous convient :

Etes-vous prêt(e) à renoncer à vos prochains 26 000 kms en voiture pour permettre à Bernard Arnaud (par exemple !) de voler ses prochains 500 kms ?

O Oui, je lance la cagnotte carbone !

O Euh… non ! dsl Bernard. 

O Je ne sais pas, j’hésite… imaginons que je gagne à l’Euromillion !

2- C’est marginal, ce n’est pas prioritaire.

Après la proposition d’interdire les jets privés, rapidement, les lobbies de l’aviation privée ont mis en place une stratégie classique :

  • minimiser l’impact de leur industrie
  • montrer l’importance en termes d’emplois

Ainsi l’aviation privée ne représenterait que 0,04% des émissions mondiales de gaz à effet de serre alors qu’ils généreraient 100 000 emplois. Pourquoi s’en soucier ?

Dans le chemin qui mène vers une société sobre et pour atteindre nos ambitions de rendre la France zéro carbone d’ici 2050, il n’y a pas de mesures magiques.

Interdire les jets privés ne suffira pas à résoudre le problème du réchauffement climatique. Ce serait trop facile. Il y a des secteurs industriels bien plus importants en termes d’émissions de CO2 que celui-ci, comme l’agriculture, la construction, les transports ou la production électrique etc.

Toutefois, nous connaissons tous le proverbe “qui peut le plus peut le moins”. La contraposée en est “Qui ne peut pas le moins, ne peut pas le plus”.

Si nous ne sommes pas capables de nous séparer de 0,04% des émissions de gaz à effet de serre alors qu’elles ne servent qu’une partie infime de la population mondiale, comment pourrons-nous atteindre la sobriété dans le transport routier, l’agriculture ou l’industrie ?

En ce qui concerne les emplois, si nous ne sommes pas capables d’accompagner un secteur spécifique et minime dans notre économie, comment serons-nous capable d’accompagner la transformation globale de notre économie ?

Alors profitons de cette opportunité et ne la laissons pas passer. Ce n’est pas comme si ça nous empêchait de faire le reste. Il faut attaquer le problème du réchauffement climatique par tous les bouts !

3- La solution est technologique ! Faisons des avions verts.

Alors, si vous savez le faire, allez-y 😉 ! De son côté, Airbus dit qu’il ne faut pas compter dessus avant 2050.

En tout cas, il faut bien se dire les choses :

  • Si l’hydrogène et l’électrique sont mis en concurrence avec le kérosène, ils n’ont aucune chance.
  • Si on produit un avion au kérosène maintenant et qu’on ne l’interdit jamais, il va continuer de polluer pendant 30 ans au moins.

La réalité est très simple. Une entreprise qui ne sera pas contrainte par la loi ou par la pression citoyenne aura du mal à mettre les efforts de R&D nécessaires à la transition et nous on veut mettre le paquet ! Un jet se vend sur son confort, sa vitesse et sa connexion internet, pas son empreinte carbone. Les entreprises n’ont aucune raison économique de trouver des solutions si nous ne nous mobilisons pas. Ensemble, nous avons ce pouvoir !

En mettant en péril leur “business model” basé sur l’hyper émission de gaz à effet de serre, faisons le pari que cela stimulera la créativité de toute cette industrie. Faisons confiance à Dassault et consorts pour réussir à développer rapidement les avions verts sur lesquels ils disent travailler.

Ce n’est ni aux citoyens ni aux politiques de trouver des solutions pour les déplacements des ultra-riches. Notre rôle à nous, citoyens, est de poser les limites de l’acceptable et de montrer nos attentes. 

Interdisons les jets. Ils voleront de nouveau quand ils seront compatibles avec une société bas carbone.

4- Ce n’est pas à la France de faire ça.

La France est le pays le plus polluant de l’UE en termes de jets privés et le deuxième d’Europe après le Royaume-Uni.

En UE, c’est à nous d’être exemplaires dans ce domaine. Si la France le fait, cela ouvrira la brèche et alors il sera plus simple pour les autres pays européens et l’UE de suivre la même voie. De plus, l’UE étant la première destination des jets anglais, cela aurait un impact sur eux également. Enfin, c’est sans compter les ultra-riches américains, chinois ou ailleurs dans le monde qui devront prendre un avion de ligne -comme tout le monde- pour venir et repartir d’Europe.

En conclusion, interdire les jets privés est une mesure de sobriété énergétique et de justice climatique.

Il n’y a aucune raison rationnelle de ne pas le faire… à moins d’être climato-sceptique (le dérèglement climatique n’existe pas ou n’aura que peu de conséquences) ou de se moquer de l’avenir de ses descendants et de l’Humanité (après moi le déluge).

Alors ensemble, soyons actrices et acteurs de NOTRE futur, rejoignez le mouvement, signons la pétition proposée par Julien Bayou et montrons ensemble à quel point nous sommes déterminés à lutter contre le dérèglement climatique.

Seul on va en jet, ensemble on va sauver la planète !

Rejoignez le mouvement !
https://no-more-jets.place-publique.eu

2 septembre 2022 | Place Publique