Le 1er Janvier 2022, la France prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (PFUE) pour six mois. Chaque semestre, l’un des 27 États de l’Union prend la tête de cette institution afin de donner les grands axes prioritaires de l’Europe pour les six prochains mois. Le programme français s’articule autour de la devise « Relance, puissance, appartenance ». Les priorités annoncées sont la transition écologique, la transition numérique et l’Europe sociale. Tout ce que le gouvernement actuel n’a pas réussi à faire au niveau national… Problème supplémentaire, en avril, il y a une élection présidentielle qui risque fortement de perturber l’agenda européen.

En effet, l’élection présidentielle va parasiter le travail du Conseil, puisque Emmanuel Macron, que l’on n’imagine pas se contenter d’un seul quinquennat, sera en pleine campagne. La PFUE pourrait ainsi rencontrer un changement de président au cours de son mandat, ce qui aurait  des conséquences importantes sur l’ agenda législatif, l’avancée des réformes mais aussi  pour l’unité politique de l’Union. Au-delà de l’issue de l’élection, c’est aussi tout l’État major de l’exécutif  qui sera mobilisé pour la reconduite de Macron au détriment du travail sur les dossiers européens.

Emmanuel Macron a refusé  de décaler la PFUE au premier semestre 2023 : prenons acte, il y a réellement une volonté du président d’instrumentaliser les institutions européennes pour sa propre réélection. On peut alors sans trop de risque affirmer que cette présidence du Conseil aura une place importante dans les discours du futur candidat, aussi creux et contre-productifs soit-ils.

Pour Place Publique, l’Europe n’est pas une façade de campagne mais une question d’envie, profonde et ancrée dans notre vision du vivre ensemble au sein de l’Union. L’Europe est  une urgence politique centrale, nous devons en finir avec tant d’années qui l’ont amenée à perdre son sens : le déni démocratique, la concurrence économique, fiscale et sociale érigée en projet par défaut, l’impuissance géopolitique ou encore les destructeurs traités de libre-échange qui nous exposent aux quatre vents de la mondialisation. Nos deux députés européens, Aurore Lalucq et Raphaël Glucksmann, œuvrent chaque jour en ce sens au Parlement européen.

La France doit saisir cette grande opportunité qu’est la Présidence du Conseil de l’Union européenne pour avancer sur ces thématiques et faire valoir, au-delà de ses intérêts, ses valeurs fondamentales que nous devons partager avec les autres membres de l’Union. Cela passera par la défense inconditionnelle du vivant et la lutte contre le changement climatique, le respect de l’Etat de droit et des libertés fondamentales, la construction d’une Europe souveraine et indépendante, ou encore le combat contre l’évasion fiscale et toutes formes d’inégalités. 

Sur l’Europe, il faut que l’on donne l’envie, l’envie d’avoir envie. 

9 décembre 2021 | Place publique Jeunes