Le 24 Juin aux Etats-Unis, la Cour suprême a rendu possible l’interdiction de l’avortement, qui sera rapidement effective dans de nombreux états du pays : une vingtaine d’entre eux restreignaient déjà l’accès à l’IVG. Cette attaque contre les droits des femmes n’est pas isolée : en France, en Europe et dans le monde, disposer de son corps librement n’est pas acquis pour toutes.

Ce retour en arrière nous rappelle qu’une poignée d’experts constitutionnels, avec la complicité active de décideurs politiques minoritaires, ne devrait pas pouvoir dicter le comportement de millions de femmes. La quasi-interdiction totale de l’avortement en Pologne en 2020, les restrictions posées à ce droit dans les dernières années en Hongrie et en République Tchèque, qui prend ce mois-ci la presidence du conseil de l’UE, illustrent que c’est aussi une question européenne. 

Les conséquences de telles décisions sont dévastratrices : une restriction ou interdiction des droits à l’avortement ne limite jamais l’IVG, elle augmente celles se faisant dans des conditions difficiles, augmente les risques, les traumatismes et la mortalité de femmes souhaitant simplement être libres. Dans le monde, une femme meurt toutes les neuf minutes d’un avortement non sécurisé. Les plus touchées sont avant tout les femmes déjà défavorisées, précaires, et issues des minorités.

Place publique dénonce avec la plus grande force de telles politiques, et apporte tout son soutien aux femmes, aux militantes et aux associations devant subir de telles décisions et se battant chaque jour pour conserver ce droit fondamental. Partout dans le monde, nous appelons à renforcer la formation des personnels consulaires français pour soutenir et informer sur l’accès à l’IVG. L’action internationale française, par une diplomatie réellement féministe et une aide au développement, doit faire plus pour défendre les droits des femmes, particulièrement leurs droits sexuels et reproductifs.  

Nous sommes les héritiers des combats de Gisèle Halimi, de Simone Veil et de la loi du 17 janvier 1975. Alors que rien n’est jamais acquis, il faut constitutionnaliser le droit à l’avortement en France, et l’inscrire dans la charte des droits fondamentaux de l’UE. Face à la vague de députés d’extrême droite élus à l’Assemblée Nationale hostiles à l’IVG, se cachant derrière la défense de “clauses de consciences” ou la dénonciation d’“avortements de confort”, il y a urgence à sanctuariser le droit à celle-ci. Nous devons aussi faire plus pour l’accessibilité et la sensibilisation aux droits reproductifs en France, amplifier le travail essentiel du Planning Familial et de nombreuses ONG, et leur donner les moyens de développer leurs actions. La question du maillage territorial pour l’accès à l’IVG partout sur notre territoire est cruciale. Il nous faut faire appliquer le délit d’entrave à l’IVG, pour opposer une réponse juridique forte à ceux sapant la pratique de ce droit.

L’urgence féministe devient criante. Au sein de Place publique, nous portons depuis notre création la clause de l’européenne la plus favorisée, pour une harmonisation des droits des femmes par le haut en Europe. Ce combat nous concerne toutes et tous : nos libertés collectives sont en jeu.

3 juillet 2022 | Place Publique