OPINION.
Ne nous faisons pas d’illusion, la COP28 ne mènera pas à l’abandon des énergies fossiles dans le monde. Mais l’Union européenne (UE) doit l’utiliser pour défaire les blocages qui paralysent actuellement les négociations et ainsi lancer un nouveau cycle, sur des bases ambitieuses.
La COP suivante se tiendra en Europe: ce sera alors à nous, Européens, de la placer à la hauteur de l’urgence climatique.

Par Pascaline Lécorché, Secrétaire Générale de Place publique et Victor Lachenait, Responsable du projet de Place publique.

Pascaline Lécorché, Secrétaire Générale de Place publique et Victor Lachenait, Responsable du projet de Place publique. (Crédits : DR)

Agir en faveur d’une transition mondiale nous oblige en principe à négocier avec les pays producteurs de pétrole, y compris les Émirats arabes unis, hôtes de la COP28. Embarquer l’ensemble des pays dans les efforts de transition, surtout les principaux pollueurs, est le but même des COP. Les Émirats en sont le cœur de cible : ils produisent à eux seuls 4% du pétrole mondial, via leur entreprise publique.

« Gardien de l’Ancien Monde » ?

Mais en pratique, les Émirats agissent comme un « gardien de l’Ancien Monde » et ne souhaitent en rien sortir de la dépendance planétaire aux énergies fossiles. Le pays a beaucoup à perdre : la transition énergétique menace directement ses intérêts, alors que 30% de son PIB reposent sur l’extraction d’hydrocarbures*. Le choix des Émirats d’augmenter leur production pétrolière jusqu’à 2030 et de nommer le PDG de leur compagnie pétrolière nationale comme président de la COP en est un symbole. Cela montre aussi à quel point les États sont aux commandes du système énergétique mondial, alors que des entreprises étatiques extraient la majorité des énergies fossiles dans le monde.

Face à ce cynisme affiché, Place publique porte la conviction profonde que l’UE doit voir plus loin, et renforcer sa crédibilité et sa légitimité en tant que leader mondial de l’action pour le climat. La COP28 ne conduira pas à la fin de la production d’énergies fossiles. Alors, faisons en sorte qu’elle soit utile et un catalyseur pour des actions concrètes.

Afin de faire face à la catastrophe climatique, nous devons financer les actions de lutte contre le dérèglement climatique des pays en développement. Il y a quatorze ans déjà que les pays développés se sont engagés à verser « 100 milliards de dollars par an » à cet effet. Cet engagement reste non honoré. De plus, les modalités de financement des pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables (mécanisme voté à la COP27) restent floues. Résoudre ces contentieux financiers, lors de la COP28, est essentiel pour ensuite pouvoir ouvrir des discussions sur la sortie des énergies fossiles.

La COP28 est une épreuve décisive

Il est impératif de réussir cette année à débloquer les fonds promis et contrer le blocage des États-Unis (le Congrès bloque systématiquement toutes aides au financement), pour éviter de reporter les défis à l’avenir et risquer qu’une potentielle administration Trump entrave pour longtemps tout progrès. En surmontant ces obstacles, l’Europe a l’opportunité de se positionner en tant que leader influent pour la prochaine COP. L’UE pourra ainsi bien plus facilement mener le chemin vers une grande transition énergétique.

S’ils venaient à réussir cette épreuve, les Européens pourront aborder la prochaine COP, en novembre 2024, avec l’espoir d’en faire une édition historique. C’est l’objectif que se donne Place publique, en voulant faire des élections au Parlement européen en juin 2024 le lancement d’une nouvelle dynamique écologique et sociale en Europe. Inspirés par le succès de l’Accord de Paris en 2015, c’est à nouveau à l’Union européenne de porter le flambeau d’une action mondiale pour le climat. C’est notre seule voie commune vers un avenir durable, pour enfin faire face au dérèglement climatique.

(*) Bpifrance (2022). Émirats arabes unis – Fiche Pays – mai 2022.

1 décembre 2023 | Place Publique