M. le Ministre de l’économie Bruno Le Maire : SHEIN, vous connaissez ?

Cette marque chinoise est en train de tout rafler sur le créneau de la « fast fashion ». Mais derrière les t-shirts à 2€ ou les robes à 9€ se cache un insupportable système d’exploitation qui saccage l’environnement et les droits humains.

L’utilisation massive de polyester – composé de pétrole et de gaz transformés – par SHEIN est une véritable catastrophe écologique. Selon l’ADEME, les vêtements en matière synthétique relâchent des microfibres plastiques à chaque lavage, qui finissent dans les océans et contaminent la faune et la flore marine : 240 000 tonnes de ces microparticules de plastique sont relâchées dans les océans chaque année dans le monde.

SHEIN propose jusqu’à 8000 nouvelles références par jour et pousse à un renouvellement constant de notre garde-robe. La surconsommation exaltée par SHEIN est une arme de destruction massive du climat : alors que l’empreinte carbone du secteur de la mode représente actuellement 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, elle pourrait atteindre 26 % en 2050 si nous laissons prospérer ce modèle.

Il est donc urgent de réguler SHEIN et la Fast Fashion avec un bouclier législatif et réglementaire visant à lutter contre « l’obsolescence culturelle » en encadrant la publicité comme les stratégies marketing qui poussent à la surconsommation dans la rue, sur les réseaux sociaux ou dans les médias et déréférencer ou bloquer tout site internet d’une marque qui met sur le marché un nombre de nouvelles références supérieur ou égal à 1000 par jour.

Selon différentes enquêtes — de l’ONG Public Eye, de Bloomberg, de Reuters ou encore de Channel 4 —SHEIN cache un système de production qui est pire que tout ce que nous pouvions imaginer. Non respect des droits sociaux, conditions de travail délétère, normes de sécurité non respectés, cadence infernale, utilisation du coton ramassé par des esclaves Ouïghours : bienvenue dans l’enfer de SHEIN.

Des images révoltantes nous parviennent progressivement : celle de cette femme qui se lave les cheveux sur sa pause déjeuner car elle n’a pas d’autre temps libre. Ou celle de cet homme torse nu transpirant sur sa machine à coudre, expliquant qu’il doit encore travailler jusqu’à deux ou trois heures du matin. Un monde sans droit ni contrat.

Pour dissimuler cette réalité aux yeux du monde, SHEIN multiplie les fausses déclarations sur son site internet et achète des influenceurs pour refaire son image et pousser les citoyens à surconsommer. Mais la vérité perce de plus en plus. Les prix si bas pour le consommateur ont un coût et ce coût, ce sont des travailleurs qui le paient à l’autre bout du monde.

ZARA et les autres géants de la “fast fashion” ont ouvert la voie. SHEIN, c’est la quintessence d’un système qui a érigé l’impunité en norme. SHEIN est un symbole de cette industrie de la Fast Fashion qui se moque des droits humains, viole les droits sociaux et saccage l’environnement. SHEIN marque l’aboutissement de leur course délirante aux plus bas coûts de production.

La législation sur le devoir de vigilance des entreprises votée au Parlement européen la semaine dernière est une véritable avancée pour limiter le pouvoir de destruction de SHEIN. En attendant sa mise en oeuvre et celui d’autres instruments européens, vous pouvez d’ores et déjà agir à l’échelle française en mettant en place un bouclier législatif et réglementaire pour protéger les citoyens européens, les droits humains et le climat.

Il est de la responsabilité de l’exécutif et des législateurs de rendre impossible pareil « business model » fondé sur l’abolition des droits sociaux et la destruction de l’environnement. Le temps des grands discours non suivis d’effets sur la planète qui brûle ou le respect de la dignité humaine est révolu. 

9 juin 2023 | Place Publique