Elles sont 102. Elles sont Amélie, Louiza, Annie ou Alisha. Depuis début 2021, 102 femmes ont été assassinées par leur (ex)conjoint. Souvent l’aboutissement d’années de violences conjugales, d’emprise et d’isolement. 2/3 d’entre elles l’avaient dénoncé à la police. Dernièrement, des féminicides comme celui de Mérignac secouent l’opinion publique et montrent les déficiences de l’action publique dans le traitement de ces problèmes.
Subir la noirceur de son bourreau quotidiennement, le cycle infernal des violences physiques, verbales, psychologiques, n’y a-t-il pas là une fatalité ? Même si la justice se réalise, la violence laisse des séquelles, dans la chair, les souvenirs et les cauchemars. Alors pourquoi incriminer le gouvernement ? Car le rôle du politique est d’organiser une société juste et égalitaire, de lutter contre les dysfonctionnements et de garantir le droit à la vie, à la sécurité et à l’intégrité.
Nous savons que ces violences sont socialement construites et des actions publiques peuvent être mises en place pour les arrêter. Au Danemark, des interventions pour l’éducation à la sexualité sont mises en place dès l’école primaire. La Lituanie présente le meilleur dispositif de lutte contre le harcèlement sexuel. L’Espagne a produit un travail exemplaire sur les violences conjugales. En France, comment expliquer que la police puisse refuser des plaintes, demander aux victimes de viol si elles ont joui ? Comment expliquer que les places en centres d’hébergement d’urgence pour les victimes manquent ?
L’argent est le nerf de la guerre et les associations le martèlent depuis des années : nous avons besoin d’un milliard d’euros. C’est le minimum pour un plan d’urgence de formation professionnelle, augmenter les subventions aux associations qui aident des victimes dans leur reconstruction, mettre en place des grandes campagnes de sensibilisation… Le plan est connu, il manque la volonté.
Ce 20 novembre, nous avons manifesté, crié notre colère. Nous étions 50 000 à fouler le pavé parisien, dans une puissance et une synergie très fortes pour inverser le rapport de force, afin que la lutte contre ces violences deviennent une priorité pour nos dirigeants. Nous serons encore présent.es en région samedi 27 et entendons bien clamer nos revendications. Faisons en sorte que les cris ne soient plus sourds.
25 novembre 2021 | Place publique Jeunes