Emmanuel Macron vient de menacer la Chine de nouveaux droits de douane, en s’indignant de son excédent commercial sur l’Union européenne.
Notre Président de la République semble découvrir, comme par magie, une réalité qui s’est aggravée sous ses deux mandats. Le déficit de la balance commerciale européenne vis-à-vis de la Chine a été multiplié par deux depuis 2015, atteignant plus de 300 milliards d’euros. Celui de la France est passé de 27 milliards d’euros en 2014 à 47 milliards en 2024.
Ce montant n’est pas un accident. C’est le trésor de guerre de la Chine. Car il s’agit bel et bien d’une guerre commerciale. Dans une note récente, l’institut Rexecode rappelait qu’elle a fondé son “hyper compétitivité” sur des coûts de production très inférieurs aux économies occidentales. Grâce à du dumping fiscal, social et environnemental, et un soutien public massif à la production et l’exportation…
Le gouvernement chinois, s’engage d’ailleurs à privilégier encore plus ses productions nationales d’équipements électroniques, de machines-outils et de véhicules. L’union européenne est donc la dernière puissance économique à encore respecter les règles du jeu, quand les autres ajoutent sans cesse de nouvelles cartes dans leur manche.
Si nous ne réagissons pas, nous perdrons rien de moins que notre autonomie énergétique et industrielle. Parce que la Chine nous inondera de ses batteries au lithium, de ses énergies renouvelables, de ses véhicules électriques, de ses semi-conducteurs indispensables au développement de l’IA…
Mais pendant ce temps, nombre de dirigeants politiques préfèrent regarder ailleurs. Marine Le Pen conteste la nécessité d’une réaction de l’Europe, préférant s’en prendre au déficit commercial de la France avec l’Allemagne… qui ne représente que 8,7 Mds, contre 47 Mds avec la Chine. Jean-Luc Mélenchon, lui, prend ouvertement la défense de la Chine, en dénonçant des “menaces grossières” et une “fourberie insupportable”.
Quant à Emmanuel Macron, qu’a-t-il fait depuis 2017 pour inverser cette situation ? Rien. Pourtant, l’UE est le plus grand marché mature au monde, avec 440 millions de consommateurs. Nous avons le pouvoir de résister. Nous avons le devoir de le faire. L’heure ne peut plus être aux grandes incantations.
Place publique appelle à un sursaut européen pour renforcer la compétitivité européenne et sauver notre industrie :
- Promouvoir un « Buy European Act » (prioriser les productions européennes dans les marchés publics) et le « Fabriqué en France », en orientant la commande publique avec des critères durables et souverains, et un indice d’achat local.
- Donner aux territoires du pouvoir sur l’avenir de nos usines, en permettant aux régions d’entrer au capital des entreprises clés.
- Mettre fin au dogme de la concurrence libre et non faussée, pour favoriser l’émergence de champions européens dans les secteurs stratégiques.
- Renforcer notre défense commerciale, en activant des clauses de protection quand un secteur est menacé, en sanctionnant le dumping, et en surveillant de près les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques.
- Créer un label européen pour l’épargne, afin de garantir que l’argent mis de côté par les Européens serve à financer des entreprises et des projets en Europe.
Place publique sera toujours du côté de ceux qui veulent renforcer l’Europe, pour mieux renforcer la France.
20 décembre 2025 | Place Publique
