Place publique est favorable à la proposition transpartisane adoptée au Sénat mardi 14 octobre de report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie d’ici au 28 juin 2026.
Nous déplorons toutefois que ce texte n’ait pas pu être débattu à l’Assemblée nationale, en raison de l’obstruction parlementaire et de l’adoption d’une motion de rejet préalable. Il sera désormais examiné en commission mixte paritaire.
Le report des élections provinciales doit permettre d’ouvrir un espace de dialogue, de reconstruire la confiance et de favoriser un consensus durable en Nouvelle-Calédonie. Il doit offrir le temps nécessaire pour trouver une issue politique permettant d’améliorer l’accord de Bougival : C’est la seule issue à la hauteur de l’histoire.
Nous alertons les parlementaires sur la nécessité de renforcer la concertation avec toutes les parties, notamment le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), qui a finalement retiré ses signatures de l’accord de Bougival.
Nous ne pouvons pas soutenir un passage en force qui serait incompatible avec le respect du processus d’autodétermination. Nous insistons sur la nécessité de renforcer l’écoute des élus locaux et de la population néo-calédonienne dans la discussion, d’ici juin 2026 afin que l’accord soit véritablement co-construit.
Les accords de Matignon-Oudinot (1988) puis de Nouméa (1998) avaient posé les bases d’un équilibre politique fondé sur la reconnaissance du peuple kanak, le partage du pouvoir et la construction d’un destin commun.
Ces textes historiques ont permis de transformer un conflit en un projet de paix.
Ces dernières années, les dérives centralisatrices du macronisme (décisions unilatérales, affaiblissement du dialogue coutumier) avaient fragilisé cet équilibre, par des méthodes rompant avec l’esprit de concertation qui a toujours garanti la stabilité du processus calédonien.
Dans ce contexte, l’accord de Bougival a alors représenté un espoir bienvenu de relance du dialogue. Il doit s’affirmer sur place comme une base de discussion ouverte à la mise en commun de toutes les revendications.
Place publique insiste sur la nécessité de poursuivre collectivement le travail de clarification autour des questions fondamentales : le respect et la reconnaissance de l’identité kanak, la clarification de la notion d’État de la Nouvelle-Calédonie, la sécurisation du corps électoral et l’intégration engagements concrets en matière de développement économique et social.
Il s’agit de garantir que chaque décision concernant la Nouvelle-Calédonie soit prise avec elle, et non pour elle.
Nous avons le devoir de garantir une représentation coutumière renforcée dans les nouvelles institutions, avec un rôle décisionnel et non seulement consultatif, pour ancrer la légitimité du nouvel État calédonien dans les traditions locales et garantir le succès de ce processus.
Place publique, avec ses partenaires, continuera d’y veiller.