C’est aux Baux de Provence que Mounia exerce sa fonction de conseillère municipale déléguée. Les Baux (pour les familiers de la Provence !) est un petit village d’environ 360 habitants connu bien au-delà de nos frontières. Perché sur un éperon rocheux, il domine un site naturel unique. Tout l’environnement est d’une extraordinaire beauté : la vigne et les champs d’oliviers témoins du travail des hommes, comme les falaises dominantes, parfois inquiétantes qui invitent à la modestie face à une nature si imposante.
C’est là que la famille de Mounia a posé ses valises en arrivant du Maroc en 1970. Et c’est vrai que lorsque Mounia nous parle des Baux, on sent qu’elle parle de son chez-elle. « Pour nous, enfants d’immigrés, je pense qu’il est important d’avoir un ancrage, les Baux est notre village. Cela nous tient à cœur car, parfois en France nous ne sommes pas français, au Maroc nous ne sommes pas marocains, mais ce qui est sûr c’est que je suis baussenque. Lorsque des baussenques et des baussencs nous considèrent nous, enfants d’immigrés, de père naturalisé et d’une mère marocaine, comme les enfants des Baux, ben tout simplement cela fait chaud au cœur. »
C’est son père qui lui a donné le goût de la chose publique.
Sa formation de juriste, ses expériences professionnelles si diverses « hétéroclites et fantastiques » , comme le chômage qui lui a fait se sentir « lépreuse, paria de la société », l’ont construite. C’est son esprit d’ouverture qui vous frappe lorsque vous rencontrez Mounia la première fois.
Et puis on la laisse parler de son village, des touristes, du paysage, et des habitants. Son visage s’anime, elle nous dit combien elle aime rendre visite aux familles, comment elle les connaît personnellement.
Quoi de plus naturel alors, que de s’engager dans les élections municipales pour prendre soin d’eux ? En 2020 elle ré-élue pour un 3ème mandat sur une liste où s’entremêlent des socialistes, des personnes du centre et d’autres de droite. « Nous ne partageons pas les mêmes idées politiques mais nous nous retrouvons sur les valeurs républicaines et dans l’amour de notre village »
Elle est déléguée à la vie associative, aux seniors, à la sécurité civile et à la Défense. Si elle a été la mieux élu des 11 conseillers municipaux avec près de 84% des voix, la notoriété revient quand même au célèbre Jean Reno qui a intégré l’équipe en 2020, lui aussi comme conseiller délégué !
Avec beaucoup de simplicité Mounia se décrit, comme une femme de gauche, républicaine et féministe, une « Gaucho », comme ils disent ! Soucieuse de vivre en harmonie avec ses concitoyens. Mais attention, derrière sa douceur et sa joie de vivre, pointe une militante réaliste, et engagée : « L’injustice sociale, la discrimination, les droits des femmes sont des sujets qui me tiennent à cœur, un peu trop paraît-il. Mais peut-on l’être trop lorsque l’on voit la pauvreté gagner de plus en plus de foyers ; lorsque l’on voit des jeunes de cité qui ne peuvent pas accéder à certaines écoles, à un emploi, à un logement ; lorsqu’une femme victime de violences conjugales voit devant elle le parcours du combattant pour quitter le compagnon violent ? J’ai ce feu en moi qui me fait m’insurger assez rapidement et sur beaucoup de sujets, c’est ce qui me caractérise. »
Mounia a adhéré très tôt à Place Publique. « Mon attachement profond aux valeurs républicaines, aux idées de gauche, je les retrouve chez Place Publique, avec cette volonté de faire ensemble, et de réunir cette gauche qui a explosé en plein vol. Ce sera dur, car nous ne vivons pas chez les bisounours, mais lorsque je vois les adhérent.e.s, les bénévoles de Place Publique, je me dis qu’on peut y arriver! »
Mounia Banderier-Zahir
37 ans, mariée et une petite fille de 19 mois
Etudes de droit à la faculté d’Aix en Provence interrompues par nécessité d’aller travailler avant le rendu de sa thèse « Les femmes musulmanes entre droit et religion : étude comparée en Europe »
Collaboratrice parlementaire à la chambre des représentants au Maroc, au sénat et à l’Assemblée Nationale à Paris.
Assistante de justice à la cour d’appel d’Aix en Provence, et au contentieux chez Point P à Marseille.
Juriste au CIDFF de Paris.