Discours de Raphaël Glucksmann – 22 septembre 2025.

Aujourd’hui, à la tribune de l’ONU, la France est du côté du droit.

Le peuple palestinien a droit à un État et l’existence de cet État est le seul chemin vers une véritable paix dans la région.

Alors oui, la solution à deux États s’éloigne chaque jour et ressemble de plus en plus à un slogan vide de sens. Oui l’extrême-droite israélienne et le Hamas gagnent progressivement dans les têtes – y compris dans les discours de certains en France, si loin des bombes et des ruines – et imposent l’idée que la seule solution au conflit serait la négation de l’existence de l’autre comme peuple et comme État. Voilà précisément pourquoi ce geste de la France et d’autres nations démocratiques compte. Pour rappeler que toute autre voie que celle des deux États se reconnaissant mutuellement conduit à la guerre sans fin ou au crime sans borne.

La France est donc non seulement du côté du droit aujourd’hui, elle est aussi du côté de la raison. De la paix.

Non, reconnaître la Palestine n’est pas récompenser le Hamas comme on l’entend souvent. Le Hamas se contrefiche de l’État palestinien tel que reconnu par Emmanuel Macron, il veut la destruction d’Israël et doit pour cela détruire auparavant une Autorité palestinienne qui sort renforcée de cette reconnaissance. Le Hamas ne veut pas de frontière, pas de délimitation, pas d’Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israel. Comme Ben Gvir. Comme Smotrich. Ils ont en commun – tous – de vouloir la guerre totale, la guerre idéologique, la guerre messianique, jusqu’au bout, jusqu’à l’élimination de l’autre. Ce que rejette la reconnaissance française.

Car oui, il faut l’assumer, cette reconnaissance a notamment pour but de contrer les plans du gouvernement israélien. Et c’est une bonne chose, une chose nécessaire.

Benjamin Netanyahu l’a répété hier : il est en guerre contre la possibilité même d’un État palestinien, et ce – il le dit dans sa vidéo de manière limpide – depuis très longtemps, depuis bien avant le 7 octobre. S’il faisait la guerre au Hamas seulement, s’il ne s’agissait que d’une réponse militaire au pire pogrom de l’histoire israélienne, alors pourquoi l’extension continuelle des colonies en Cisjordanie ? Il y a le Hamas au pouvoir en Cisjordanie ? Non, l’objectif de l’extrême droite israélienne actuellement au pouvoir n’est pas la destruction simplement du Hamas, mais la destruction de toute perspective d’Etat pour les Palestiniens. Et cet objectif là, la France a raison de le contrer. Être contre l’extrême-droite israélienne n’est pas être anti-israélien.

L’acte d’aujourd’hui ne changera pas la donne sur le terrain, il ne rendra pas la vie aux morts et ne sauvera pas les vivants menacés, il ne libérera pas les otages israéliens et n’apportera aucune aide aux civils palestiniens affamés ou bombardés, il est insuffisant et ne résout rien en lui-même, mais il dit le droit, appelle à la raison, rend visible une vérité simple cachée par les brumes du fanatisme triomphant.

Alors saluons-le.

Discours de Raphaël Glucksmann

22 septembre 2025 | Place Publique