À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, il est crucial de rappeler les faits : 230 000 femmes majeures ont subi un viol, une tentative de viol ou une agression sexuelle en France en 2022.
Le mouvement #MeToo a libéré la parole et les signalements ont été multipliés par quatre entre 2017 et 2023. Mais la réponse judiciaire reste largement insuffisante : plus de 90% des plaintes pour viol sont classées sans suite. Trop souvent, les victimes se taisent encore, faute d’espoir que leur plainte aboutisse, faute de moyens.
Comment accepter que la France, en 2023, consacre 0,04% de son budget à la lutte contre ces violences – soit 184 millions d’euros – quand la Fondation des Femmes estime qu’il en faudrait 344 millions ? Et que la Maison des Femmes et le Haut Conseil à l’Égalité chiffrent les besoins pour des changements structurels à 2,6 milliards d’euros par an ?
Mettre fin aux violences et harcèlements sexistes et sexuels demande plus qu’une loi : c’est une question de priorité nationale.
Pour cela, Place publique propose un grand plan d’action contre les violences faites aux femmes autour de 3 engagements :
- Nommer : Place publique a défendu l’inscription dans la loi que tout acte de pénétration sexuelle non consenti constitue un viol, soutenant la définition européenne basée sur le consentement. La loi du 6 novembre 2025, qui reconnaît enfin le non-consentement dans cette définition, est une victoire.
Place publique plaide pour aller plus loin : Reconnaître et développer la recherche sur les maladies féminines comme l’endométriose et le cancer du sein, et lutter contre les violences obstétricales. Ces réalités, longtemps invisibilisées, doivent être pleinement reconnues comme des questions de santé publique et d’égalité.
- Protéger : inspiré du modèle espagnol, notre plan devra s’appuyer sur un investissement massif pour lutter contre les violences et harcèlements sexistes et sexuels. Nous renforcerons les unités spécialisées de lutte contre les violences conjugales, améliorerons la coordination entre parquets, services sociaux et associations, et accélérerons la délivrance des ordonnances de protection immédiate. La généralisation des bracelets anti-rapprochement et le déploiement de mécanismes d’alerte efficaces seront au cœur de ce dispositif.
- Garantir : nous nous engageons aussi pour un droit effectif à l’IVG en Europe. Ce droit fondamental doit être garanti partout, libre, gratuit et sécurisé. Nous souhaitons son inscription dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et soutenons l’adoption d’une clause de l’Européenne la plus favorisée, pour harmoniser par le haut les droits des femmes sur tout le continent.
Les violences et harcèlements contre les femmes et les filles demeurent parmi les violations les plus répandues dans le monde et constituent un obstacle majeur à l’égalité, à la dignité et à la liberté de toutes et tous. Mettre fin à ces violences nécessite un engagement collectif fondé sur le respect et l’égalité, ainsi qu’une action ferme et des financements.
C’est en brisant le silence, en soutenant les victimes et en transformant les mentalités que l’on pourra construire un avenir plus juste et plus sûr pour chaque femme et chaque fille.
21 novembre 2025 | Place Publique
