Par Raphaël Glucksmann, eurodéputé et co-président de Place publique.
Sous les applaudissements des grands patrons lors du sommet Chose France, le Président français s’est aligné sur la position de la droite européenne la plus conservatrice : il a déclaré vouloir non plus repousser ou simplifier la directive européenne sur le devoir de vigilance, mais tout bonnement enterrer cette législation essentielle pour laquelle nous nous sommes tant battus depuis des longues années.
Balayer avec une telle désinvolture des années de lutte, en pleine négociation au Parlement européen, c’est simplement lunaire.
Cette loi impose aux multinationales de respecter les droits humains et l’environnement tout au long de leur chaîne de production. Elle fut – avec le bannissement des produits de l’esclavage de nos marchés – le principal résultat de notre mobilisation contre la réduction en esclavage des Ouighours dans les usines qui fabriquent les produit des plus grandes marques mondiales.
Elle protège les travailleurs exploités à l’autre bout du monde, lutte contre la déforestation, permet de tenir juridiquement responsable les multinationales qui font leurs profits sur le dos des esclaves ouïghours ou en saccageant l’environnement en Afrique ou en Asie. Elle protège aussi nos productions européennes qui respectent des règles sociales et environnementales d’une concurrence étrangère déloyale en imposant les mêmes exigences à toutes les grandes entreprises étrangères opérant sur le marché européen.
La France devrait être à l’avant-garde pour défendre cette directive européenne inspirée par la loi française de 2017. Mais Emmanuel Macron fait l’inverse: contrairement aux promesses qui nous ont été faites par ses ministres et son Premier Ministre en réponse à nos interpellations, il rompt avec la position classique de la France et revient sur un progrès majeur de notre dernier mandat, un progrès pourtant voté par les députés européens de son propre parti.
Avec mes collègues socialistes et démocrates, nous allons nous battre pour sauver le devoir de vigilance. Mais nous avons besoin que la société civile et les citoyens se fassent entendre. Ne laissons pas un telle loi de progrès humain être enterrée en silence !
Raphaël Glucksmann
20 mai 2025 | Place Publique