Hier, au Parlement européen, la droite et l’extrême droite ont pactisé pour détruire le devoir de vigilance des entreprises, à peine un an et demi après son adoption. 

En votant le paquet législatif “Omnibus I”, elles ont détricoté une avancée historique, et pour la première fois au niveau européen, la droite a voté une loi main dans la main avec l’extrême droite : les digues ont sauté.

Les luttes de Place publique contre l’exploitation des Ouïghours, et pour qu’aucun drame comme l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 ne se reproduise, trouvaient leur aboutissement dans cette directive du devoir de vigilance, adoptée en 2024. 

Enfin, au terme d’une longue bataille avec les associations et les syndicats, nous mettions fin à l’impunité des multinationales. Enfin, justice était rendue. Ces grandes entreprises ne pouvaient plus se rendre complices de destructions environnementales et de violations des droits humains en se dissimulant derrière leurs filiales ou leurs sous-traitants à l’étranger.

Hier, pourtant, la droite et l’extrême droite ont choisi de revenir sur cela. Jusqu’ici, la directive s’appliquait aux entreprises de plus de 1000 salariés, les obligeant à prévenir les atteintes aux droits humains et les dommages environnementaux dans leurs chaînes de valeur. Désormais, elle ne concernera plus que les entreprises de plus de 5000 employé·es et réalisant plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. 

Ce vote acte également l’abandon d’ambitions essentielles, comme l’obligation pour les entreprises de publier des plans de transition climatique – un recul politique majeur face aux enjeux sociaux et environnementaux.

L’alliance honteuse qui a validé cela est inédite. La droite “républicaine” avait promis de ne jamais s’allier à des forces anti-européennes. Elle a menti. Le Parti Populaire Européen (PPE), dont font partie les élus LR français, a voté avec le RN de Jordan Bardella et son groupe, mais aussi avec le groupe Europe des Nations Souveraines (ENS), où siègent des forces encore plus extrémistes, que même l’extrême droite française renie publiquement. 

Après ce vote de la honte, le texte part en trilogue – en négociations “finales” – avec la Commission européenne et le Conseil de l’UE. Les États membres peuvent encore l’arrêter. Ils doivent être un rempart face aux dérives populistes, défendre l’intérêt général et protéger les plus vulnérables.

Place publique continuera à porter ce combat pour la dignité humaine et contre l’impunité des multinationales. Nous nous battrons dans les semaines à venir pour qu’aucun recul ne soit accepté sur les principes qui fondent notre engagement.

14 novembre 2025 | Place Publique