Notre mer ne doit pas être un cimetière !
Le 15 juin 2023, une embarcation d’au moins 700 exilés a coulé en Méditerranée. Seulement 104 sont sauvés. Pendant plusieurs heures, l’ONG Alarm Phone avait pourtant reçu et transmis aux autorités grecques des alarmes. Sans recevoir d’aide. Ils étaient entassés dans les cales, comme des bestiaux, et le navire a coulé au petit matin. En les empêchant de fuir par les voies les plus sûres, l’Europe leur a imposé le parcours de tous les périls.
Elle les a tués.
La politique migratoire commune se concentre aujourd’hui sur la militarisation des frontières, l’externalisation du contrôle à des pays-tiers comme la Libye ou la Turquie et la détention. La hausse constante du mandat et du budget de Frontex en est un exemple.
Pourtant, jamais des murs n’ont endigué les migrations de personnes fuyant la guerre, la violence politique et la misère. Il s’agit du drame le plus meurtrier en Méditerranée depuis 2016.
N’avons-nous rien appris ?
Une semaine plus tard, le 20 juin, alors que les ONG et les autorités cherchent encore les corps des disparus, 450 exilés dans l’attente d’être reconnus mineurs ont été violemment réprimés en plein Paris. Depuis 77 jours, plus de 700 jeunes venus trouver refuge en France survivent à même le sol, sans eau ni électricité, et sous des menaces constantes de l’extrême-droite, dans une école désaffectée du 16ème arrondissement.
Il s’agissait d’une crise humanitaire majeure.
Les quatre associations s’occupant d’eux ont organisé une occupation pacifique devant le Conseil d’État, “garant des droits et des libertés”. En cette journée mondiale des réfugiés, la détresse des jeunes et la force du symbole n’ont pas empêché un déchaînement de violences. Alors que les jeunes se rassemblaient au cri de “Liberté, Égalité”, ils ont été nassés à plusieurs reprises par 200 fonctionnaires de la police et de la BRAV-M, jetés puis traînés au sol. Six d’entre eux ont été hospitalisés. Une quarantaine de bénévoles et d’exilés ont été arrêtés. Tout au long de la nuit, les autres ont erré dans les rues sans solutions.
Nous dénonçons l’usage excessif de la violence par la police face à des jeunes en détresse et des militants pacifiques.
Nous dénonçons la politique d’invisibilisation, le refus de dialogue et l’absence de mise à l’abri des exilés.
Les naufrages dans les eaux méditerranéennes et les violences devant le Conseil d’État sont le nom d’une politique européenne et nationale indigne : repousser toujours plus loin les exilés des frontières de l’Europe en entravant toutes les voies sécurisées de passage, puis les maltraiter chez nous.
C’est pourquoi nous lançons une pétition visant à demander à Emmanuel Macron de porter au Conseil européen une exigence minimale : que l’Union ?européenne affrète des bateaux et des moyens humains pour sauver les exilés de la noyade !
28 juin 2023 | Place Publique