Communiqué de presse du 17 décembre 2025

Place publique exprime sa profonde inquiétude face à la situation liée à la dermatose nodulaire bovine (DNC), qui frappe aujourd’hui de nombreux élevages, notamment dans le Sud-Ouest, et fragilise encore davantage un monde agricole déjà profondément éprouvé.

La propagation rapide de la maladie suscite aujourd’hui colère, inquiétude et incompréhension chez de nombreux éleveurs, en particulier face à la mesure d’abattage total des troupeaux touchés, de plus en plus contestée sur le terrain.

Il est indispensable de reconnaître et de soutenir les éleveurs, dont le travail est vital pour nos territoires et pour la qualité de notre alimentation. À cette réalité sociale et économique, on ne peut répondre par des réflexes sécuritaires et autoritaires, comme c’est malheureusement le cas depuis plusieurs jours, mais par le dialogue, la considération et des réponses politiques à la hauteur.

Tenir la voie de la responsabilité

Dans un contexte marqué par une forte polarisation du débat public, Place publique refuse les postures et la surenchère. Face à une crise sanitaire d’une telle ampleur, sa gestion ne peut ni ne doit reposer sur l’autoritarisme,  le rejet de la science, ou sur la mise en concurrence des souffrances.

Si les plans d’éradication ont montré leur efficacité dans plusieurs pays, ils ne peuvent réussir durablement qu’à une condition essentielle : la confiance des éleveurs. Sans leur adhésion, aucune stratégie ne sera durable ou juste. 

C’est pourquoi Place publique appelle à remettre l’ensemble des acteurs autour de la table : État, services vétérinaires, Groupement de défense sanitaire (GDS), organisations professionnelles agricoles, élus locaux et représentants des éleveurs, ainsi que l’ensemble des organisations syndicales. 

Examiner, évaluer, discuter les diverses solutions

Plusieurs organisations syndicales ont formulé des propositions concrètes pour adapter les protocoles actuels, notamment en privilégiant l’abattage ciblé des animaux infectés et un recours élargi à la vaccination. Ces propositions témoignent d’une volonté de contribuer à la recherche de solutions. 

Place publique affirme que toutes les alternatives doivent être examinées avec sérieux, évaluées scientifiquement et discutées collectivement.  L’expérience de La Réunion, confrontée en 1992 à une épidémie majeure de dermatose nodulaire en apporte la preuve : une stratégie fondée sur la vaccination préventive, la concertation et l’accompagnement public peut permettre de surmonter durablement ce type de crise.

Quatres priorités pour sortir de la crise

Dans la continuité des positions qu’elle défend depuis le début de cette épizootie, Place publique réaffirme quatres priorités essentielles :

  • Respecter le plan de dépeuplement en cours tant qu’un autre plan alternatif n’a été validé par la communauté scientifique et l’ensemble des parties prenantes. Cela implique dans l’immédiat de respecter l’abattage total des foyers infectés, une vaccination large autour des foyers, la désinsectisation, et des restrictions de déplacement stricts.
  • Travailler dès maintenant à l’évaluation collective des possibilités alternatives, basée sur la science, et en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés.
  • Une indemnisation rapide, juste et intégrale des éleveurs contraints à l’abattage, condition indispensable pour permettre la reconstitution rapide des cheptels et garantir l’adhésion aux mesures sanitaires prises dans l’intérêt général.
  • Un accompagnement humain et socio-psychologique des éleveurs touchés et de leurs proches, car l’abattage d’un troupeau n’est pas seulement une perte économique : c’est une épreuve morale, parfois un drame personnel et familial, qui doit être pleinement reconnu et pris en charge.

Conjuguer santé animale, justice sociale et avenir agricole

La dermatose nodulaire bovine est un rappel brutal : la santé animale, la sécurité sanitaire et la dignité des éleveurs ne peuvent être sacrifiées sur l’autel de l’inaction ou de la précipitation. Cette crise met à nu les failles d’un modèle agricole trop souvent laissé seul face aux crises et réclame un sursaut collectif. 

Place publique continuera à défendre des politiques publiques capables de conjuguer efficacité sanitaire, justice sociale et transition écologique. C’est de cet engagement que dépend notre avenir commun.

17 décembre 2025 | Place Publique