Dix ans après la signature de l’Accord de Paris, la 30° Conférence des Parties sur le climat (COP30) s’ouvre à Belém, au Brésil. Malgré des avancées, les émissions mondiales de gaz à effet de serre restent trop élevées et les engagements financiers insuffisants pour freiner le changement climatique. 

Le monde se réchauffe, les nations se replient et l’inaction devient complice. L’Europe n’a plus le droit d’attendre : elle doit reprendre l’initiative et imposer son modèle de puissance, une puissance qui produit, protège et prépare l’avenir, fondée sur trois piliers : industrie, souveraineté et sobriété.

Quand les États se détournent de l’urgence climatique


Le sommet de Belém illustre les fractures d’un monde divisé, qui peine à se réinventer. Jamais aussi peu de chefs d’États n’ont annoncé faire le déplacement. Le Président de la République française n’y a fait qu’un passage de quelques heures.

Le désengagement des États-Unis de l’Accord de Paris a affaibli la dynamique collective : la Chine, premier émetteur mondial, s’est contenté d’un objectif de réduction de seulement 7 à 10 % par rapport à son pic d’émissions, cible largement en deçà de ce qui était attendu. Et l’Union européenne, en négociant à la dernière minute des objectifs affaiblis pour 2035 et 2040, donne le sentiment de reculer là où elle devrait être en première ligne.

Relancer le multilatéralisme climatique : le pari européen

La présidence brésilienne fait de l’adaptation au changement climatique et de son financement dans les pays du Sud une priorité stratégique. Elle affirme qu’il n’y a pas à choisir entre développement et protection de la planète : les deux doivent aller de pair.

Face à l’urgence, il est temps de relancer une véritable offensive pour l’adaptation et une transition vers la neutralité carbone réellement sociale, au Nord comme au Sud. Cela suppose de fixer un nouvel objectif de financement crédible et solidaire, et d’allier justice climatique et transferts de moyens pour les pays émergents : lutte contre la précarité énergétique, réduction des inégalités climatiques et fiscalité plus verte pour les pays développés comme la France.

Place Publique soutient notamment la mise en place du Fonds innovant pour la préservation des forêts tropicales, telles que l’Amazonie, véritable poumon de la planète. La gestion de ces biens communs est cruciale pour la préservation de la biodiversité et la stabilité climatique ainsi que le respect des limites planétaires : les forêts sont notre héritage écologique et économique commun.

L’heure du sursaut européen

La COP30 est un moment important pour l’Europe : notre continent peut se replacer à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique si nous portons une vision forte – celle d’une transition juste et durable.

Place publique veut faire de la France et de l’Europe les fers de lance de cette bataille mondiale. Nous refusons de cautionner une politique qui soutient le déplacement de notre pollution ailleurs, à travers l’utilisation des crédits carbone. Nous devons d’urgence décarboner notre industrie et nos sociétés, en France, en Europe et dans le monde.

L’Europe doit redevenir une puissance de production et d’innovation, capable de se réindustrialiser, de réduire ses dépendances et de créer des emplois durables. Dans un monde instable, la sobriété et l’efficacité sont des leviers de souveraineté : elles donnent à l’Europe la maîtrise de ses ressources, de ses chaînes d’approvisionnement et de son avenir. Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 exige donc d’accélérer sans détour : –55% d’émissions de gaz à effet de serre en 2030, –90% en 2040. 

Pour y parvenir, Place publique appelle à un budget européen à la hauteur de cette ambition et un grand plan français pour l’industrie, la souveraineté et la sobriété, liant transition climatique, réindustrialisation, décarbonation, emploi et autonomie énergétique.

À Belém, le monde devra prouver qu’il peut encore tenir la promesse des +1,5°C. Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus de définir des objectifs, mais de choisir un modèle. Dans ce choix se joue notre notre possibilité de préserver notre planète et nos conditions de vie. Nous continuerons à défendre avec force ce chemin.

10 novembre 2025 | Place Publique