Depuis octobre 2017, les victimes de violences sexistes et sexuelles témoignent publiquement d’agissements trop répandus dans nos sociétés et expriment leur colère face à un manque de volontarisme politique.
Violences sexistes et sexuelles : devant l’inacceptable exigeons une réelle prise de conscience politique
La vague #Metooinceste et la publication du rapport Sauvé de la CIASE mettent en lumière l’ampleur de la pédocriminalité, du déni et de la loi du silence imposés aux victimes. Il y a un mois, le mouvement #DoublePeine a montré les déficiences de la police en matière d’accueil des victimes. Des policiers refusent des plaintes alors que c’est obligatoire (article 15-3 du Code de Procédure pénale), d’autres ricanent et refusent de croire la victime, posant des questions telles “Comment étiez-vous habillée? Est-ce que vous avez mouillé? Pourquoi ne vous êtes-vous pas débattue?” Derrière les récits, il semble bien qu’il y ait un phénomène structurel d’inversion de la culpabilité, sur 3500 témoignages recueillis par le collectif Nous Toutes en mars, 66% des répondantes témoignent d’une mauvaise prise en charge par les forces de l’ordre.
Les défaillances de l’action publique favorisent l’impunité des agresseurs. Les plans de mobilisation et de lutte contre les violences conjugales et les violences faites aux enfants sont un premier pas, mais nécessitent plus d’ambition et l’octroi d’un budget à la hauteur de l’urgence. Les associations le martèlent depuis des années : nous voulons un milliard d’euros qui seront investis dans un plan d’urgence de formation professionnelle, dans la création de centres d’hébergement spécialisés, dans un travail de prévention dans les écoles et les entreprises, pour doubler les subventions aux associations, accompagner les victimes, s’assurer du respect des lois… Le plan est connu, il manque la volonté.
Place Publique place le féminisme parmi ses cinq urgences et appelle à manifester lors de mobilisations du 20 au 27 novembre. Les violences faites aux femmes n’ont pas leur place dans nos sociétés. Dans tous les espaces de la vie quotidienne, écoles, rues, entreprises, établissements de santé, administrations publiques, lieux de cultes, espaces privés, la question des violences sexistes et sexuelles doit être posée. Le 20 novembre marque aussi l’anniversaire de la Convention Internationale des droits de l’enfant. Les enfants sont co-victimes de ces violences, c’est pourquoi nous rejoignons les propositions de l’association “Protéger l’enfant”. Enfin, cette journée marque le souvenir trans. Nous dirons notre colère face aux discriminations liées à l’identité de genre. Nous faisons le lien avec les voix des victimes à l’intersection de plusieurs oppressions et entendons bien que ces problématiques soient un enjeu central à la campagne présidentielle et aux législatives.
18 novembre 2021 | Place Publique