Ce week-end, des dizaines de manifestants ont été blessés à Sainte-Solline. Le pronostic vital de l’un d’entre eux est toujours engagé et les preuves s’accumulent pour dénoncer l’empêchement d’accès des secours sur place.
Nous sommes inquiets. Terriblement inquiets.
Hier, un responsable de Nature Environnement de Charentes-Maritime a subi des intimidations physiques et morales et des dégradations matérielles à son domicile. Il y a quelques semaines, l’agriculteur charentais qui avait fait condamner Monsanto a été sauvagement agressé et ne doit son salut qu’à lui-même. Marine Tondelier, ce début de semaine, a été publiquement, personnellement et impunément menacée par la Coordination rurale, syndicat connu pour ses accointances avec la droite extrême. Les intimidations, les chantages et les violences perpétrées en Bretagne contre tous les agriculteurs qui osent se prononcer contre le système hyper productiviste ont été démontrées par plusieurs enquêtes journalistiques. En pleine nuit, les véhicules et la maison du maire de Saint-Brevin, menacé par l’extrême droite, ont pris feu, alors que les lieux étaient occupés.
Que fait le gouvernement ? Il se vautre dans le harcèlement des militants et de citoyens engagés pour défendre une République écologique et sociale.
Il est entré en guerre promptement contre celles et ceux qui se sont levés pour que le peu d’eau qui nous reste dans les aquifères ne soit pas captée au profit d’une minorité.
Il est entré en guerre activement contre celles et ceux qui défendent l’alliance avec les autres êtres vivants. Il est entré violemment en guerre contre celles et ceux qui refusent que les efforts économiques reposent toujours sur les mêmes, les plus fragiles.
Le ministre de l’Intérieur annonce la dissolution de la coalition de syndicats de paysans, de citoyens, de collectifs et d’ONG « les soulèvements de la Terre ». Les préfets refusent en masse les subventions aux associations locales qui portent une autre opinion que celle du gouvernement concernant la nature. Le gouvernement a mis en place la cellule Demeter, véritable police politique rurale, dénoncée par le tribunal administratif. Le gouvernement et les préfets préjugent de l’illégalité d’un événement avant qu’il n’ait eu lieu. L’usage de la force dans le cadre du maintien de l’ordre a été fermement dénoncé ces derniers jours et cette fois, pas par des « gauchos », mais par la défenseure des droits, par le Conseil européen, par des médias étrangers, par Amnesty international, par Human Rights Watch, par la Ligue des droits de l’Homme… Des victimes de la violence institutionnelle, c’est insupportable et inconcevable. L’état doit se montrer exemplaire pourtant, on arrête plus le flux des témoignages de manifestants pacifistes traumatisés, blessés, parfois gravement. Il y aura des morts si l’on ne sonne pas un coup d’arrêt au virage irresponsable pris par ce gouvernement.
Ce gouvernement franchit tous les jours un peu plus la ligne rouge démocratique. Il use et abuse d’une stratégie de fracturation et du renversement de la violence.
Que nous restent-ils pendant que les champs, la ville et la maison brûlent ?
Une démocratie abîmée, cabossée, épuisée…
29 mars 2023 | Place Publique