Lors de l’assemblée générale de l’Association des maires ruraux de France du samedi 13 novembre 2021, le Premier ministre Jean Castex a présenté les territoires ruraux comme “une chance pour la France”.
Cette relation est donc unilatérale, puisque l’Etat semble abandonner petit à petit ses campagnes. Un constat s’impose : les zones urbaines sont mieux desservies par les services publics que les zones rurales. En conséquence, leur concentration dans les grandes agglomérations tend à éloigner ceux-ci de nombreux territoires.
La situation sanitaire actuelle sonne comme un rappel d’importance pour l’accès aux soins, un principe d’égalité que l’Etat se doit de garantir. Les chiffres de l’INSEE relatent une triste situation de désertification des campagnes par les médecins généralistes. Dans le Cher, on compte 109 médecins pour 100 000 habitants. Ce chiffre atteint 248 pour la ville de Paris. Il y aurait aussi deux fois moins de médecins spécialistes en territoire rural. Un récent rapport de l’association des maires ruraux de France tire la sonnette d’alarme soulignant que la population rurale en est contrainte à une consommation de soins hospitaliers de 20% de moins que les urbains. Si les maires ruraux font entendre leurs cordes vocales, il ne manque plus qu’à l’État de les entendre.
En territoire rural, proposer une offre variée de professionnels à toutes les demandes médicales nécessite de développer les maisons de santé. Marie Kayser et Mathilde Boursier, membre du syndicat de la médecine générale, interrogent également la liberté d’installation pour les médecins et proposent la création de Conseils Locaux de Santé, permettant une réelle concertation entre usagers et professionnels. Une offre de santé de premier recours doit être proposée à une population qui a aujourd’hui comme unique solution les hôpitaux.
Les zones rurales sont aussi les premières touchées par la fracture numérique. Elles pâtissent de débits internet bas voir inexistants. Une spécificité qui semble avoir été omise des plans gouvernementaux, alors que la dématérialisation des procédures administratives est généralisée.
L’accès aux services numériques n’est pas chose aisée pour tous. Le Défenseur des droits rappelait en 2019 que le recul des services publics dans les zones rurales impacte directement l’ensemble des acteurs du secteur social. Ces derniers passent plus de temps d’accompagnement consacré au numérique, au détriment de leurs missions premières.
Il est donc ici question de ne pas abandonner une partie de la population rurale qui n’a pas accès aux services numériques pour des raisons techniques ou pratiques.
“De la vie man”, l’hymne de nos campagnes en appelle au contact humain. Tâchons de ne pas l’oublier dans nos politiques publiques, qu’il s’agisse de ruralité ou pas. Aujourd’hui, le géographe Pierre-Marie Georges constate un phénomène de retournement démographique : les territoires ruraux deviennent plus attractifs pour les populations. Il est donc temps pour nos dirigeants d’entendre l’hymne de nos campagnes; et d’enfin assurer une vraie égalité territoriale en France.
22 décembre 2021 | Place publique Jeunes