A la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, le régime dictatorial de Loukachenko monte de toutes pièces une véritable crise migratoire. Des femmes et des hommes sont instrumentalisé·es, utilisé·es comme des pions au service d’une guerre qui ne dit pas son nom au cœur de l’Europe.
Place publique appelle la France et l’Union Européenne à nommer et prendre des mesures fermes contre les vrais responsables de cette tragédie, et à proposer un accueil humain, solidaire et digne au drame que vivent les personnes bloquées à notre frontière. Les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, réunis ce lundi 15 novembre pour s’accorder sur une nouvelle série de sanctions à l’égard de la Biélorussie, ne doivent ni faiblir ni se laisser intimider par ces manœuvres abjectes.
Au moins deux mille personnes sont actuellement bloquées dans des conditions de vie déplorables et inhumaines, coincées entre l’armée biélorusse et les barbelés de la frontière polonaise. L’Union Européenne se doit d’apporter une aide humanitaire d’urgence à ces personnes sur son sol. Seule l’organisation d’un corridor humanitaire et de voies légales et sécurisées de migrations peut nous permettre de sortir de cette situation en affirmant notre solidarité.
Il nous faut aussi refuser le chantage qui est ici fait. Les vies humaines ne peuvent jamais être utilisées comme des pions dans un jeu géopolitique nauséabond. Ne pas accepter les menaces et intimidations des régimes qui nous attaquent, c’est avant tout ne pas participer à une surenchère et à une transaction autour de personnes exilées. La rhétorique xénophobe et anti-migrants, qui agite la peur auprès de la population européenne, participe à une telle manipulation.
Face à la tragédie en cours, il faut agir et dénoncer le plus clairement possible les États qui organisent une telle opération. L’actualité ne doit pas faire oublier la répression du régime illégitime Biélorusse face à la révolution, la torture et l’emprisonnement de ses opposants. Nous soutenons des sanctions européennes renouvelées à son encontre, et appelons à accentuer la pression sur un pouvoir qui n’a que mépris et dédain pour les droits humains.
Le cynisme de la Russie, principal soutien du pouvoir biélorusse, ne doit pas non plus être oublié. Cet épisode participe clairement à la stratégie de Moscou d’attaque de nos institutions démocratiques. L’organisation d’un pont aérien entre la Biélorussie et la Syrie de Bashar El-Assad pour créer un flux migratoire nous rappelle que partout, les ennemis de la démocratie sont en guerre contre notre modèle.
Face à l’instrumentalisation orchestrée de vies humaines, proposons un accueil solidaire aux personnes otages de cette manipulation et sanctionnons les véritables responsables de celui-ci, à Minsk et à Moscou. La réponse de l’Europe doit être unique et forte, à la mesure des enjeux humains et politiques qui se jouent.
16 novembre 2021 | Place Publique